L'artiste : Biographie
Née en Normandie en 1961, Sophie Eugène fait des études de décoration à Paris et y trouve un premier emploi de dessinatrice exécutante dans une agence de communication. En 1987, elle part vivre un an à Wallis et Futuna. Éloignée du milieu de la publicité, elle devient peintre sur tissus. En 1989 elle s'installe en Nouvelle-Calédonie. Pendant les quatre premières années en "brousse", elle s'initie à l'aquarelle et l'acrylique, puis elle s'installe à Nouméa où elle travaille comme graphiste indépendante. Elle peint, s'intéresse à la sculpture et participe à des expositions communes. Sa curiosité permanente la pousse à explorer le monde de l'écriture, elle ouvre et anime un atelier d'écriture. En parallèle de son activité de peintre et d'animatrice, elle se forme pendant deux ans à l'art-thérapie, obtient son diplôme et décide de rentrer en France.
Démarche artistique
J'explore à travers mes créations aux tracés imaginaires et énigmatiques, un univers abstrait inspiré de ma vie dans le Pacifique Sud.
J'ai une sensibilité particulière pour l'art brut, le mouvement contemporain, l'art premier.
"L'art premier, désormais reconnu pour sa beauté, y révèle une profondeur : sa capacité à représenter des cosmogonies complexes, à réconcilier les humains avec leurs maux, à baliser le chemin de la vie, avec ses grands repères que borne la mort".
Ce court passage tiré d' "Autopsie de l'art premier" de Philippe Charlier, résume l'intention que je pose dans chacune de mes toiles. Je me sers d'un courant artistique en adéquation avec ma sensibilité pour exprimer ma conception spirituelle de l'acte de peindre. De cet aspect hypnotique d'une multitude de points, se dégage une vibration holistique d'un monde intérieur. Je traduis dans le geste répétitif, ma propre vision de l'univers et de la vie.
Structurées sans pour autant être figées, j'invite au mouvement, à l'énergie.
Le choix de l'acrylique privilégie d'aller jusqu'au bout d'un tableau sans attente de séchage et s'adapte au plus près de ma technique qui jongle entre pinceaux et bâtons.
Je débute trés souvent mes toiles par deux couches de peinture noire. C'est un moment important dans lequel je cherche la concentration nécessaire pour aborder ce que j'ai envie de peindre. Je pars donc du noir pour aller vers la lumière, passant par des tonalités de couleurs différentes, des bleus ou des ocres suivant l'inspiration du moment.
Les gens sont souvent surpris par le nombre considérable de points sur la toile, par la sensation de vertige aussi. Ils se sentent happés, hypnotisés.
Je suis heureuse quand le spectateur se risque à toucher du regard l'entre-deux points, parfois infime, parfois inexistant, là où les lignes se croisent, se fendent, se fondent, ondulent dangereusement, là où les points s'écartent, se rassemblent dans l'illusion d'un message à transmettre ou d'un impossible à murmurer.
Cosmos 6 - Acrylique sur toile 40 x 40 - 2014